Appel de Tunis du 17 juin 2003

Les Tunisiens et les Tunisiennes représentants de partis politiques, d’associations ainsi que des personnalités indépendantes, considérant la gravité de la situation politique que traverse leur pays et la gravité de l’impasse dans laquelle il se débat :

Font porter au pouvoir la responsabilité de la situation actuelle caractérisée par : les horizon bouchés , la fuite en avant du régime , la confiscation des libertés individuelles et collectives , la domination absolue du parti au pouvoir sur l’administration et l’Etat, le monopole de tous les espaces , le blocage du fonctionnement des partis et des associations et l’intrusion dans leurs affaires internes , les massives violations des droits de l’homme ; l’utilisation de la justice contre les adversaires politiques , l’entretien d’un climat de peur , le traitement policier des affaires politiques , le fossé entre le discours et la pratique , la manipulation de la constitution , la négation des principes de la République, la mise au point d’un arsenal juridique pour se donner l’impunité et la perpétuation du système actuel enterrant à jamais l’espoir d’une alternance pacifique au pouvoir , le mépris de l’opinion publique , la désinformation , le déni de la fragilité de la situation économique et sociale due aux choix économiques et à la corruption aggravant les inégalités .

Réaffirment leur foi dans le peuple tunisien qui a connu très tôt dans son histoire moderne un mouvement réformiste , qui a été l’un des premiers peuples arabes à se doter d’une constitution limitant par la loi l’absolutisme , qui a lié sa revendication de l’indépendance avec celle d’un parlement , qui a donné tant de martyrs , qui a lutté durant des décennies pour de vraies réformes politiques et le développement social , dont les élites ont toujours fait preuve d’un grand dynamisme , qui a produit des réformateurs dans tous les domaines dont Kheireddine, Mohammed Ali Hammi, Tahar Haddad, Farhat Hacchad. Un tel peuple est en mesure de refuser la confiscation de sa souveraineté et peut mettre fin à la dictature et instaurer l’alternative démocratique à laquelle il a droit .

Par conséquences et en cette période cruciale de l’histoire de notre pays, nous adressons cet appel à toutes les constituantes de la société pour assumer leur responsabilité dans la mise en place et la réalisation d’un contrat politique instaurant une société démocratique et rompant avec les solutions tronqués et les stratégies de marchandage au détriment des principes démocratiques ; dont les objectifs sont :

1-La Libération de tous les prisonniers politiques, le retour des exilés, la promulgation de l’amnistie générale, le dédommagement moral et matériel des victimes de la répression et leur rétablissement dans leurs droits civiques et politiques.

2-La promulgation d’une nouvelle constitution instaurant un système politique démocratique se fondant sur la souveraineté du peuple comme seule source de légitimité , lui reconnaissant toutes les libertés individuelles et collectives telles que définies dans la déclaration Universelle des droits de l’homme, assurant la séparations des pouvoirs , garantissant l’indépendance de la justice, permettant aux Tunisiens et Tunisiennes de briguer tous les postes sans exclusive, organisant l’alternance pacifique et instituant des mécanismes efficaces pour contrôler la constitutionnalité des lois.

3-La mise en place d’un Etat de droit et de vraies institutions protégeant les droits et libertés, réprimant la corruption et garantissant des élections libres et honnêtes.

4-Le respect de l’identité du peuple et ses valeurs arabo-musulmanes, la garantie de la liberté de croyances à tous et la neutralisation politique des lieux de culte.

5-la défense de l’indépendance du pays et de la souveraineté de la décision nationale

6-La construction d’une société pluraliste et tolérante acceptant la différence d’opinion et faisant des associations de la société civile le cadre du débat démocratique.

7-L’égalité entre les citoyens et surtout entre l’homme et la femme.

8-La neutralité de l’administration et celle des forces de sécurité dans les conflits politiques, ces dernières n’ayant d’autre mission que d’assurer la sécurité des citoyens et le combat contre le crime.

9-La libération de l’information et de tous les moyens de communication, permettant ainsi la libre _expression et la transparence dans le débat entre les différents courants politiques.

10-La bonne gestion des deniers publics, la poursuite des corrompus, la récupération des biens volés à la collectivité, la mise en place de mécanismes efficaces de lutte contre la corruption.

11-La protection des droits sociaux et économiques, de la liberté syndicale, la promotion de l’égalité entre les régions et la lutte contre les effets pervers de la mondialisation ainsi que toute vassalisation.

12-La promotion de l’ouverture de la Tunisie et son intégration dans son espace Maghrébin, Africain, et Méditerranéen dans l’égalité ; ainsi que le soutien à toutes les causes justes arabes et mondiales en priorité le droit du peuple palestinien à libérer son sol, à décider de son avenir, à instaurer son Etat dont Jérusalem est la capitale.

*

Les signataires de cet appel

Se félicitant de la réussite de la rencontre d’Aix du 26 mai 2OO3,

La considérant comme la suite de la réunion de Tunis le 12 Mai 2002, et de celle de Paris du 18 mai 2002, donc comme une étape de plus dans le rassemblement de l’opposition démocratique de notre pays

Considérant l’urgence d’un tel rassemblement de partis, d’associations et de personnalités indépendantes sur la base d’un compromis démocratique.

Instituent un comité de suivi dont la mission est d’élargir la consultation à toutes les parties en vue de préparer en début de l’année politique à venir, à une réunion ultime qui devra appeler à la tenue de la Conférence nationale démocratique au courant de l’année 2004 pour unir les tunisiens autour de l’alternative démocratique à laquelle ils aspirent tous.

Mardi 24 juin 2003.

Les premiers signataires de l’appel:

Abderraouf Ayadi pour le bâtonnier,
Abdessalem Rafik chercheur en pensée politique
Abidi Imed Comité d’organisation
Ameur Laraïdh, président du bureau politique du mouvement Ennahdha
Abbou Mohamed, pour l’Association Jeunes Avocats
Bedoui Mohamed Ali CPR
Ben Mbarek Khaled , CIDT-Tunisie
Ben Salem Ali, Amicale ( widadia) Nationale des anciens résistants ( moukawimin)
Ben Salem Mohamed, Mouvement d’Ennahdha
Ben Amor Samir, l’AISPPT
Me Chakroun Mohamed (ancien bâtonnier)
Chamkhi Fathi, universitaire
Elguennaoui Elammari, pour Solidarité Tunisienne,
Elayachi Hammami, pour le CIJ
Gaaloul Ahmed, Journaliste et chercheur en philosophie
Hachemi Jgham
Hamrouni Chokri, Comité d’organisation
Hani Abdelwahab, CPR
Khiari Sadri
Kraïem Mustapha,
Moncef Marzouki,président du CPR
Matar Abdlwahab, CPR
Mestiri Omar
Nouri, Mohamed pour l’AISPPT
Naziha R’jiba,
Semii Ahmed, l’AISPPT
Pr Talbi Mohamed
Le juge Yahyaoui Mokhtar,
Zougah Mehdi, Comité d’organisation

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